La nuit où j’ai volé sur le dos du dragon, j’ai cru que je n’y survivrais pas. Au contact de sa peau froide et écaillée, je sentais sa magie envahir mon esprit. Je connaissais les dangers, j’avais entendu, plus jeune, des histoires sur ces hommes-dragons, ceux qui n’en étaient pas revenus, les sans-âme. Je n’y croyais pas. D’ailleurs, je ne croyais même pas aux dragons.
C’était avant. Avant de pénétrer dans le Jardin des Anciens, d’y découvrir ces étranges sculptures, ces statues monumentales. J’en avais escaladé une, juste comme ça, pour voir. C’est alors que... Je ne me rappelle plus... Tout se brouille, je sens que... Oui, elle m’avait parlé. Cette femme, magnifique. Elle était grande, si fine. Je la distinguais à peine, nimbée de lumière, mais je me rappelle encore la sensualité de ses cheveux blonds tombant en cascade sur ses épaules. Elle m’avait tendu la main, m’invitant à la suivre. Elle était si... Non, c’était lui. C’était le dragon, qui me parlait, qui brouillait mon esprit et emmêlait mes sens... Et il s’était envolé, m’obligeant à m’agripper pour ne pas tomber. Et j’en étais là.
Je ne sais plus où je voulais en venir... Ah oui, cette nuit-là donc. A vrai dire, je ne me rappelle plus de cette nuit-là. Je n’ai que des bribes de souvenirs, comme des grains de sable qui s’écoulent entre mes doigts sans que je puisse les retenir. Tout ce que je sais, c’est que je me suis éveillé le lendemain à 10 000 lieues de là, échoué sur un rivage désert.
— Tu racontes n’importe quoi, papy ! Ca existe pas les dragons !
— Ah oui ? Approche donc. Regarde mes yeux, regarde-les bien...
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