Finalement, en revenant sur ce texte aujourd'hui, je n'avais plus aucune idée de quoi en faire. Deuxième et dernière partie, donc.
Je prie pour qu’elle nous sauve de la Horde. Je prie pour que tout le savoir de mes ancêtres, qui m’a été transmis par ma grand-mère, nous permette encore de survivre. Mais je suis fatiguée. De vivre seule avec Ayden. De n’avoir que lui à qui parler, de ressasser toujours les mêmes choses. Est-ce que la porte m’appelle ? Dois-je l’ouvrir et en finir ? Je ne sais plus qui je suis. Je voudrais que mamie soit encore là.
La porte hante mes rêves.
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Derrière moi, j’entends Ayden hurler. Les ténèbres nous submergent, et l’espace est empli des cris de mon cousin. Mon cœur bat si fort qu’il va sortir de ma poitrine. Dans ma tête, la voix de ma grand-mère me dit : « Quoi qu’il arrive, n’ouvre pas les yeux. Vide ton esprit, et laisse-toi guider. Si tu es assez rapide, la Horde ne pourra pas t’attraper. »
J’essaye d’appeler Ayden, mais aucun son ne sort de ma gorge étranglée. J’ai peur. Je crois que c’est la fin.
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Je crois qu’Ayden me cache des choses. Je l’ai surpris plusieurs fois à sortir de la maison, mais il disparaît avant que je le trouve. Où peut-il bien aller ? Il n’y a plus que nous. Parfois, il me regarde et je vois de la colère dans ses yeux. J’ai essayé de lui poser des questions, mais il a nié. Il s’inquiète, me dit-il. Il me trouve fatiguée, anxieuse. Il me demande si j’ai bien mangé, si je médite un peu. Il me propose de relire les enseignements de notre grand-mère. De nous entraîner. L’autre jour, il a sorti mon épée de son étui et me l’a tendue. Un petit duel pour ne pas perdre la main, a-t-il dit. Quand j’ai voulu l’attraper, il a fait un mouvement brusque, et la lame m’a entaillé la paume. C’était un accident, et il s’est excusé longuement ensuite. Peut-être que c’est moi, le problème. Peut-être que tous ces cauchemars que j’ai dans la tête m’embrouillent l’esprit. Je ne sais plus. Parfois, je n’arrive plus à entendre la voix de grand-mère sous le brouhaha. J’ai peur. D’Ayden, et de moi-même.
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Je reste longtemps immobile dans le noir, seule avec les cris d’Ayden. Quand sa voix s’est tue, je n’ai pas bougé. J’attends que la Horde vienne moi aussi m’emporter. Je garde les yeux fermés, osant à peine respirer. Rien ne se passe. J’attends encore, comptant jusqu’à 1000… 2000… 5000.
Je sens mes muscles se tétaniser, mon corps parcouru de tremblements. La sueur fait glisser ma main sur la garde de mon épée, mes doigts s’engourdissant et menaçant de lâcher.
Cela fait des heures. Je n’en peux plus. Quelque chose en moi vient de céder. Je me sens calme. Pas résignée, juste en paix. Si Ayden est parti, je suis seule. Il est inutile de lutter. Je prends une grande inspiration, et j’ouvre les doigts. Le fracas de mon épée sur le sol résonne jusque dans mes dents. Je souris, et, pour la dernière fois, j’adresse quelques mots à ma grand-mère.
« Je t’aime. Pardonne-moi. Je n’étais pas assez forte pour maintenir le Dôme. Je ne sais pas pourquoi j’ai ouvert la porte. Peut-être que j’en avais assez. Il fallait que quelque chose change. Il n’y avait plus que nous. Ou peut-être est-ce que je n’ai pas ouvert la porte. Peut-être était-ce Ayden. Je ne sais pas. Ces derniers jours sont flous dans mon esprit. J’espère que tu me pardonneras. J’espère qu’on se reverra. Si la Horde m’emporte, j’espère que ma mort sera rapide et que je te retrouverai. Je t’aime. »
J’attends un peu, mais seul le silence me répond. Je sens une larme couler sur ma joue. Je n’ai même plus la force de lever la main pour l’essuyer. Ce n’est pas grave, c’est la fin. Lorsque j’ouvrirai les yeux ce qu’il reste du Dôme explosera. Il ne restera plus que le dehors et la Horde.
Encore deux battements de cœur, et j’ouvrirai les yeux. Un… Deux….
J’ouvre les yeux, et ce que je vois est à couper le souffle.
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