Visiblement, je peine à écrire autre chose que du chagrin en ce moment. Désolée. 216 mots.
On avait accroché un grand tableau en liège dans le salon,
où on épinglait à tour de rôle des post-it, des photos, des pages de magazines arrachées,
toutes nos idées, toutes nos envies pour l’avenir. Parfois, le tableau était si
rempli que les feuilles s’envolaient toutes seules, on n’y voit plus rien,
alors on s’asseyait ensemble, tous les papiers décrochés entre nous, et on
triait, on jetait ce qui ne nous semblait plus d’actualité ou qui, par chance,
s’était déjà réalisé. Si on pouvait se le permettre, on sélectionnait quelque
chose, un voyage, un achat. C’était rare, et tu disais souvent avec un peu
sourire d’excuse : « rêver, c’est gratuit ».
J’ai tout brûlé, tous nos rêves, tous nos projets. Le
tableau est toujours là, je n’ai pas pu me résoudre à le jeter. Il me regarde,
tristement vide. Je le hais du plus profond de mon être, mais c’est quelque
chose qui me raccroche à toi. Je regrette d’ailleurs parfois d’avoir détruit
tout le reste, tous ces espoirs que l’on avait, dans un accès de colère et de
chagrin. Il me reste les souvenirs et un tableau en liège où il n’est plus
permis de rêver.
Il me reste un trou béant dans le cœur, et la haine pour cette maladie qui t’a
emporté.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire