Basé sur une double contrainte : le prompt du jour "Ce qu'on apprend d'un membre de sa famille" + un prompt généré par Winnie "You never open the door when they’re knocking. Never." (traduction : "Tu n'ouvres jamais la porte quand ils frappent. Jamais")
Je vais tente de continuer un jour ou deux sur ce texte, alors je commence par la partie du jour, brutalement interrompue. [832 mots]
« Il n’y a qu’une seule règle : on ne leur ouvre
pas la porte. Jamais. Comment as-tu pu oublier ? »
Le ton d’Ayden, entre la colère et le désespoir, me fait
grimacer. La situation dans laquelle on se trouve désormais est ma faute,
et je ne peux qu’accepter mon sort. Je resserre la prise sur ma garde, et me
campe sur mes jambes avec résolution. Je ne réponds pas à Ayden : il n’y
a rien à dire.
Malgré tout, je ne peux m’empêcher de lui jeter un regard
inquiet. Je me mords les lèvres en voyant la sueur qui perle déjà à son
front, la crispation dans ses épaules, et la blancheur de ses phalanges là où elles
enserrent son arme. Je ne peux retenir un gémissement, et ses yeux azur se
tournent vers moi, froids et sûrs.
« On va s’en sortir. On s’est entraînés toute notre vie
pour cette éventualité. Rappelle-toi ce que mamie disait toujours : rester
soudés, c’est rester vivants. »
Ayden me sourit doucement, et je bats des paupières
rapidement pour chasser les larmes qui menacent de couler. Ma main attrape la
sienne, et je l’entraîne à ma suite, reculant dans l’ombre, jusqu’à ce que mon
dos soit appuyé au mur. Ils sont là, quelque part autour de nous, attendant
leur heure. Mais nous sommes prêts. Nous sommes prêts depuis la naissance, descendants
d’une longue lignée de guerriers, de gardiens et de protecteurs.
La bataille peut commencer.
***
Je ne rappelle pas de ma naissance. C’est une remarque étrange à faire, mais voilà, je ne m’en rappelle pas. J’ai beau remonter très loin dans ma Mémoire, il y a la voix de ma grand-mère, et avant ça, le néant. Ayden et moi sommes nés le même jour. Nous sommes cousins, mais avons été élevés comme des jumeaux. Avant nous, il n’y avait pas eu d’enfants dans le village depuis 15 ans. Après nous, il n’y en a plus eu. Nous sommes les derniers descendants, et les derniers survivants. Le Dôme était déjà en place depuis de nombreuses générations, protégeant le village contre la Horde, et nous coupant du reste du monde. Ma grand-mère disait toujours que cela n’avait pas d’importance, que le monde était parti en flammes, et qu’il ne restait que nous, sous le Dôme, et eux, cherchant à le détruire. J’ai grandi en apprenant à lire, à écrire, et à me battre. A l’âge de huit ans, Ayden et moi forgions nos propres armes, auprès de Barden, un vieil homme au torse imposant et à la voix éraillée. Sa carrure massive m’impressionnait toujours, et je rêvais parfois la nuit qu’il s’étirait, encore et encore, à tel point qu’il devenait trop grand et trop large pour le Dôme, et que notre Village aussi partait en flammes.
Mais Barden n’avait fait que vieillir et se ratatiner au fil
des années, et avait fini par mourir.
Tout le monde, dans le Village, avait fini par mourir, et Ayden
et moi étions désormais seuls au monde, avec la responsabilité du Dôme, et tout
ce que notre grand-mère nous avait appris.
Du plus loin que remonte ma Mémoire, j’ai une arme à la
main, et je m’entraîne. Je suis assise en tailleur à même le sol, les yeux
fermés, et je médite. J’essaye d’attraper le courant de la Connaissance. Toutes
ces choses qui sont venues naturellement à Ayden, mais pour lesquelles j’ai dû
me battre. Je pensais être une anomalie. Ma grand-mère disait toujours que c’est
parce que la Connaissance était trop grande en moi pour être contenue dans une
enveloppe si petite, alors elle fuyait, et je luttais.
Ayden et moi avons eu 30 ans hier. Nous avons passé les 5
dernières années seuls tous les deux. Je le connais par cœur, et il me connait
par cœur. Souvent, je m’ennuie. Ayden, lui, relit ses notes, constamment,
médite, révise, aiguise ses armes. Moi, je rêve. Parfois, je fais des cauchemars.
Le Dôme s’écroule dans mon esprit. La Horde nous dévore. Parfois, la Horde
embarque Ayden et me laisse seule. Parfois, je me réveille en hurlant, et court
jusqu’à sa chambre pour vérifier qu’il est toujours là. Il déteste quand je
fais ça.
Le Dôme s’est réduit considérablement au fil des ans. Comme
s’il se resserrait chaque fois que l’un d’entre nous disparaissait. J’ai l’impression
que la porte a changé de couleur aussi, qu’elle brille fort. Peut-être est-ce
le monde qui brûle au dehors que j’entrevois. Je crois qu’elle m’appelle. Cela,
je ne l’ai jamais dit à Ayden. Peut-être que je suis en train de perdre la tête.
Si je lui en parle, il va me haïr.
Dans ces moments-là, je ferme les yeux et je médite. J’appelle la Connaissance.
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