Cumul entre le prompt du jour et une contrainte de Winnie : le personnage rencontre un.e nouvel.le ami.e dans un lieu inattendu. 501 mots
Je n’avais aucune envie d’aller à ce dîner. Je ne sais pas
pourquoi j’avais dit oui à Lucie. Sans doute m’avait-elle eu avec ses grands yeux
suppliants remplis de larmes. Elle vivait mal sa solitude, son cœur débordait d’amour,
et elle avait besoin de le partager. C’était un cœur d’artichaut, ma Lucie, ma sœur,
ma meilleure amie, et que n’aurais-je pas fait pour lui rendre son sourire, après
qu’un énième imbécile l’ait laissée sur le carreau, l’égo brisé.
Un dîner de célibataires. Voilà jusqu’où j’étais prête à
aller, et je ravalais mes soupirs pendant que ma Lulu fouillait dans ses
placards à la recherche de sa robe porte-bonheur, celle dans laquelle elle se
sentait aussi jolie qu’invincible. C’était un autre des ravages de ses ex, ça,
l’incapacité à se trouver toujours belle et forte. Elle avait besoin d’une armure
de paillettes pour se sentir en confiance. Je la laissais même m’habiller, me
coiffer et me maquiller, la sensation d’être une Barbie grandeur nature avec
laquelle elle jouait. Mais au moins, pendant qu’elle chantonnait en me brossant
les cheveux, elle ne pleurait pas sur les fantômes du passé.
Malgré tout, maintenant que l’heure H était là, et que nous
étions en route vers le restaurant, l’angoisse me serrait le bide. Je détestais
rencontrer de nouvelles personnes, je détestais la façade que chacun prenait
pour se montrer sous son meilleur jour, cachant ses défauts et ses insécurités.
Je voulais des gens francs qui diraient « je suis moi,
dans toute ma gloire, dans toutes mes erreurs, je suis un être imparfait, à
prendre ou à laisser ». Mais ce n’était pas ça, le jeu de la séduction. C’était
une mascarade, la course à celui qui gagnerait le plus sans vraiment se dévoiler.
Je n’avais qu’une angoisse, c’était que Lucie se fasse
embobiner. Je me jurais de garder un œil sur elle.
Malheureusement, nous nous retrouvâmes vite séparées. Il
semblerait que ma Lulu m’ait fait des cachotteries, et avait rempli pour moi la
fiche de renseignement obligatoire à l’inscription. L’organisateur avait ainsi
formé des paires en fonction de qui nous étions et ce que nous recherchions, et
chaque duo dînait dans une pièce séparée. J’avais peur de ce qu’elle avait bien
pu raconter sur moi et tentait de me défiler auprès de l’hôtesse d’accueil, expliquant
ma situation unique. La jeune femme me répondit par un sourire qui avait tout d’automatique,
et agrippa mon bras, plantant dans ma chair ses longs ongles manucurés pour m’entraîner
jusqu’à la table qui m’avait été réservée, et mon partenaire de dîner.
Il avait l’air aussi désemparé que moi, et nous sursautâmes
de concert quand la porte se referma derrière nous, sans appel. Après un
instant à nous regarder en chiens de faïence qui me sembla une éternité, nous fûmes
pris d’un fou rire. Dans quel étrange piège étions-nous tombés ?
Je prenais place face à lui à table, un sourire timide
planté sur les lèvres, et m’emparais du menu. Finalement, le dîner s’annonçait
meilleur que ce que je croyais.
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