L’épuisement le gagnait, et il ne savait pas combien de
temps il tiendrait encore. Il lui semblait déjà que son esprit ne lui appartenait
plus, parti loin dans le ciel avec les rares oiseaux qu’il voyait passer, seule
preuve qu’il existait toujours un monde au-delà de son île.
Les premiers temps, il avait espéré que, quelque part,
quelqu’un se cachait. Il avait parcouru le secteur en long, en large et en
travers. Peut-être l’autre faisait-il la même de son côté, et ils ne faisaient que
se courir après. Alors il avait laissé des messages et des indices derrière lui,
espérant obtenir une réponse. Quand rien ne vint, il finit par se résigner. Il était
seul, abandonné.
Il avait guetté ensuite des jours durant un bateau à l’horizon,
un avion, un signe de vie humaine quelque part. Quelqu’un viendrait forcément à
son secours.
Il était resté actif, se construisant un abri, ramassant les
plantes et les fruits qui lui semblaient comestibles, les goûtant avec
prudence, et une dose de résignation. Mourir de solitude, de faim ou
empoisonné, le résultat était le même.
Il avait développé un système lui permettant de filtrer et faire bouillir de l’eau
de pluie. Au moins, ce n’était pas la déshydratation qui l’emporterait.
Il avait désormais perdu la notion du temps. Il avait fait tout
ce qui était en son pouvoir pour assurer sa survie, mais rien n’y avait fait.
Les jours s’étaient transformés en semaines, les semaines en mois, et il était
resté seul, seul sur une île déserte, sans espoir d’être secouru.
Ce soir-là, il s’allongea dans sa petite hutte, le front brûlant
de fièvre, hallucinant des créatures venues lui parler. Il s’endormit dans un
soupir.
Le lendemain, les marins venus à sa rescousse ne purent que
pleurer celui pour qui ils étaient arrivés trop tard.
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