lundi 26 octobre 2020

[Challenge] Douce cicatrice

 #Writober Jour 26 : Douce cicatrice. Challenge du Writer bot : 528 mots en 22 minutes. Compte final dans la durée : 616 mots. 
Je suis encore complètement sortie du thème space/sci-fi pour écrire un truc romantique cucul la praline. Désolée. 


Elle avait sur son corps cette marque qu’elle chérissait, qui lui rappelait l’amour passionné que Dan lui vouait. Rien de terrifiant ni de violent, là-dedans, elle avait eu son lot d’aventures malheureuses et malchanceuses.
Mais cette cicatrice, pour autant qu’elle lui avait apporté de souffrances, lui avait apporté son bonheur le plus immense, celui qu’elle porterait en elle jusqu’à la fin de ses jours.

L’histoire avait commencé comme dans les comédies romantiques les plus stupides, et à ce jour encore, quand elle la racontait, c’est avec un mélange d’affection et de honte. Désormais, on matchait sur des app, on flirtait avant de se connaître vraiment, on avait des rencards, des crushs, puis on passait au suivant.

Elle avait connu son lot de premières conversations, de verres pris dans des bars et qui n’avaient mené à rien, d’échanges qui n’étaient pas allés plus loin que l’écran, de promesses vides de sens et de disparitions spontanées. Elle était persuadée que quand elle se fixerait avec quelqu’un, elle pourrait naturellement dire « On s’est rencontrés sur Internet », parce que c’était comme ça, désormais.

Elle ne s’attendait pas à une rencontre renversante, au sens figuré : Dan l’avait heurtée à moto, l’envoyant valdinguer sur plusieurs mètres comme une poupée de chiffon. Ce n’était leur faute ni à l’un ni à l’autre : un jour de pluie, il s’était arrêté pour la laisser traverser au passage piéton, mais la voiture derrière lui n’avait pas freiné à temps. Aquaplaning, crash, une Léna fauchée, un Dan écrasé sous son engin à deux roues.

Ils avaient été embarqués ensemble dans l’ambulance, et par manque de place à l’hôpital, placés dans la même chambre. Dan avait la jambe cassé en plusieurs fois, et les cervicales endommagées. Heureusement, le casque avait protégé son crâne, contrairement à Léna, qui souffrait d’une commotion cérébrale, d’une clavicule brisée et de plusieurs vertèbres amochées.

Ils avaient porté plainte ensemble auprès du conducteur du véhicule, sous la pression de la police, mais Léna avait refusé de but en blanc de rajouter une plainte contre Dan. Ils étaient tous les deux bien abîmés, victimes d’un accident.

Ils apprirent à se connaître allongés sur deux lits d’hôpital, au milieu des odeurs d’antiseptiques, d’une nourriture infecte et de trop longues journées. Parfois, la douleur submergeait l’un d’entre eux, et ils se tenaient la main, le bras tendu d’un lit à l’autre, pour se soutenir et se réconforter.

Dan avait été le premier à sortir :  ses blessures étaient moins graves, ou du bien elles ne nécessitaient pas la surveillance accrue dont devait s’accommoder Léna.

Lorsqu’il avait été parti, entraîné par une infirmière sur son fauteuil roulant, Léna avait senti une larme chaude couler le long de sa joue. Ce soir-là, des amis en visite lui avaient longuement caressé les cheveux, alors qu’elle était incapable de dire pourquoi elle pleurait.

Mais Dan était revenu le lendemain et les jours suivants, peinant sur ses béquilles, et restant autant qu’il le pouvait sur les horaires autorisés. Lorsque deux mois après elle avait eu le droit de sortir, c’est lui qui était venu la chercher, boîtant encore légèrement, mais majoritairement guéri. Il l’avait ramené chez elle, et n’en était plus reparti.

Deux ans après, de retour sur un lit d’hôpital, le visage encore baigné de larmes et de sueur, une partie d’elle ne pouvait s’empêcher de sourire au milieu de la douleur. Essuyant ses joues, elle jeta un œil vers sa gauche, sur Dan qui tenait dans ses bras un nouveau-né encore tout fripé, le plus cadeau qu’il ne lui ai jamais fait. Et en bas de son ventre, rouge et douloureuse, la cicatrice de sa césarienne, qu’elle apprendrait à aimer, symbole d’un bonheur inégalé.


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