samedi 17 octobre 2020

[Challenge] Entendre les ombres

 #Writober Jour 17 : Entendre les ombres. Défi : écrire au moins 506 mots en 22 minutes. J'en ai écrit 549 dans ce même temps. Le texte est une sorte de para-histoire dans l'univers de mon NaNo de l'an dernier (qui n'est toujours pas posté ici parce que, primo, 50K, et deuzio, toujours pas relu et corrigé), dont vous pouvez retrouver des versions anciennes (2008 !!!) et très résumées ici, ici et ici (3 parties). 
J'ai un peu triché en interprétant "ombres" par "Ombres", qui sont des créatures ennemies dans mon histoire initiale, que vous lirez peut-être un jour. 


Van et Rey avaient été envoyés en mission de reconnaissance. Etant les plus petits et les plus jeunes de l’armée, le Commandant les avait propulsés éclaireurs, et souvent, ils ne pouvaient compter que l’un sur l’autre pour traverser seuls les lignes ennemies, et rendre compte de la position des Ombres.

Leur camp était décimé, de plus en plus de corps étant réclamés par l’Armée des Ténèbres, et Van savait que le Commandant comptait sur eux pour protéger les leurs le plus possible.

Était-ce une trop grande responsabilité pour deux gamins de 13 ans ? Probablement, mais ils étaient les seuls à pouvoir remplir la mission, et ils faisaient de leur mieux.

D’autant que Rey était un enfant étrange. Ses yeux bleus, presque translucides, étaient toujours fixés au loin, comme s’il percevait des choses qu’il était seul à voir. Sa peau également, était extrêmement pâle, la moindre veine se dessinant visiblement sous la surface, et offrant un contraste très étonnant aux Ombres, créatures noires et difformes. Enfin, Rey ne parlait pas. Il communiquait par gestes et grognements, savait se faire comprendre sans difficultés, au moins par Van et le Commandant, mais ne prononçait jamais un seul mot. Les autres soldats préféraient généralement se tenir loin de lui, murmurant des prières et des incantations étranges lorsqu’ils passaient près de lui, marmonnant souvent des choses à propos de « malédictions », « d’enfant du démon » et de « créature anormale ».

Van n’avait pas peur de Rey. Il émanait de lui quelque chose de réconfortant qui lui rappelait Julia. Et il avait une étrange capacité à détecter les Ombres, comme s’il était capable de les entendre en permanence, alors que la plupart d’entre eux ne les entendaient que sur un champ de bataille, lorsqu’elles poussaient leurs terrifiants cris aigus, ceux qui pouvaient faire perdre la tête et la vie aux soldats même les plus aguerris.

C’est ainsi, donc, que Van et Rey se retrouvaient une fois de plus à jouer les éclaireurs. Le Commandant soupçonnait les Ombres d’avoir établi un campement derrière les Collines Sifflantes, et de planifier une attaque prochainement. Leurs rangs étaient déjà décimés, la guerre semblait perdue, mais ils luttaient encore, avec l’énergie du désespoir, et n’importe quelle information pouvant leur donner un avantage sur l’adversaire, ou un moyen de se protéger plus efficacement, était le bienvenu.

Le ventre à terre, progressant lentement et furtivement comme ils savaient si bien le faire, les deux adolescents grimpaient la colline. Dans ces territoires asséchés, les arbres ne poussaient plus, et les abris se faisaient rares. Heureusement pour eux, Van et Rey étaient suffisamment petits et malingres – la guerre n’offrait pas vraiment les protéines, glucides, lipides et vitamines nécessaires à une bonne croissance – pour se cacher derrière les plus gros rochers.

Ils avançaient aussi, de caillou en caillou, quand soudain, Rey se jeta au sol, sa main agrippant le bras de Van pour le tirer avec lui. Van étouffa un cri de stupeur quand son regard croisa celui de son camarade. Rey ne regardait jamais personne dans les yeux, et pourtant, à cet instant, il fixait l’autre adolescent avec une intensité qui glaça le sang de Van. Il grimaça, espérant obtenir quelques réponses, mais Rey secoua la tête négativement, resserrant son étreinte sur le bras de son ami.


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