mardi 20 octobre 2020

[Challenge] Insaisissable

 #Writober Jour 20 : Insaisissable. Le challenge du Writer Bot : 192 en 24 minutes. Compte final (sur la même durée) : 678. Je crois pouvoir dire que, ces deux derniers jours, j'ai retrouvé un peu d'inspiration. 
Et parce que je veux garder un peu d'Ethan pour le NaNo, je suis retournée voir Ellie. Le texte est donc la suite de "Vaisseau Fantôme", et non, malgré l'impression qu'on peut avoir dans ce texte, ce n'est pas une love story. Par contre, je pose - peut-être - des pierres, pour des récits variés. 


Une semaine qu’Ellie était à bord du Thésée, et elle n’avait pas encore vu ne serait-ce que l’ombre du Dr Nolan Richardson. Elle en venait presque à douter de son existence, même si Monday répondait avec patience et exactitude à toutes ses questions.

Le robot – ou Intelligence Artificielle, comme il l’avait aimablement corrigée la première fois – était d’une aide précieuse. Il contrôlait l’intégralité du vaisseau, semblait posséder un savoir infini, et était toujours prompt à échanger avec elle. Le premier soir, il l’avait guidée par un tracé de LEDs jusqu’à une immense cabine : « Vos quartiers, Miss Dayton. Les commodités sont à votre droite, et vous avez derrière le panneau de gauche un dressing avec des uniformes de rechange le temps de votre séjour parmi nous. Si vous avez faim, n’hésitez pas à m’appeler, et je vous guiderai jusqu’à la cuisine. Malheureusement, nous n’avons rien en stock de très goûteux, le Boss carburant quasiment exclusivement au café… ». Sur ces dernières paroles, l’IA avait pris un ton à la limite du reproche, et Ellie se sentait autant fascinée par la création que par son créateur.

Elle avait poliment remercié Monday, refermé la porte, et laissé libre court à son étonnement en fouillant les moindres recoins de la pièce. Elle n’en revenait pas d’avoir ce qui semblait être un appartement presque entier pour elle, alors qu’à bord du Terpsychore, elle pouvait toucher toutes les parois de sa cabine en tendant les bras. Elle éclata de rire, légèrement hystérique, nerveuse, enjouée, elle ne savait même plus mettre un mot sur ses émotions. Elle arrangea religieusement ses possessions sur la table de chevet, prit une longue douche brûlante, et s’endormit d’un sommeil sans rêves.

Sept jours plus tard, elle avait établi une routine : lever, étirements, petits déjeuners, se rendre à la salle de contrôle dans l’espoir d’y trouver Richardson, constater son absence, rester un moment à surveiller les écrans, discuter avec Monday. Puis venait l’heure du déjeuner, et elle se retirait dans la bibliothèque – elle s’était extasiée devant les rangées de livres quand l’IA l’avait guidée le premier jour jusque là –, dévorait des pages, se préparait un dîner qui consistait majoritairement de rations de survie, puis allait le coucher sans avoir résolu le mystère du Commandant de Bord.

Elle commençait cependant à montrer des signes d’impatience. Elle avait envie d’interactions humaines après de longues semaines seule dans sa capsule à imaginer sa mort, elle avait besoin de voir un autre être humain, de le toucher, de lui parler. Elle s’en ouvrit à Monday, se lamentant sur l’insaisissable Docteur Nolan.

« C’est à se demander s’il existe, dit-elle d’un ton grognon. Ou si je rêve. Monday, est-ce que je rêve ? Est-ce que je suis seule à bord d’un vaisseau fantôme ? Ou pire : peut-être que je suis encore à bord de ma capsule, mais qu’il n’y a plus d’oxygène et tout ceci n’est qu’une hallucination de mon cerveau moribond… ». Ellie poussa un grand soupir, et déposa sa tête entre ses bras sur la table de cuisine où elle prenait son dîner.

« Très chère, je serais admiratif que vous puissiez avoir créé dans votre esprit un univers aussi riche que celui-ci. Je peux vous pincer si vous le souhaitez, vous saurez que tout ceci est bien réel. »

Elle se redressa, surprise, et tourna la tête en direction de la voix inconnue. Lui tournant le dos, faisant face au comptoir et à la machine à café dont il pressait frénétiquement les boutons, se tenait un homme. Il n’était pas très grand, sans doute à peine plus qu’Ellie, et était actuellement vêtu d’un pantalon de tailleur particulièrement élégant et d’un t-shirt déformé qui semblait avoir connu de meilleurs jours. Le tissage était par endroits si élimé qu’on voyait en dessous transparaître la peau de l’homme. Elle ne voyait pas son visage, juste une couronne de cheveux bruns qui se dressaient dans tous les sens sur sa tête, comme s’ils avaient été tirés fréquemment par des mains agacées.

« Miss Ellie Dayton, le Docteur Nolan Richardson ».


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