mardi 27 octobre 2020

[Word War] No Man's Land

 #Writober jour 27 : No Man's Land. Pour une fois, pas de challenge bot, mais une word war de 20 minutes déclenchée par ma Payah préférée. Compte de mots à 20 minutes : 595. Compte de mots final : 742. 
C'est la suite de Torpeur Planétaire. Je déteste mettre en forme du dialogue. 


Ellie avait été réveillée en sursaut par une alarme violente. Dans sa chambre, les murs clignotaient en rouge, et, essayant de se lever avec précipitation, elle s’emmêla dans les couvertures et tomba du lit.

« Monday ! MONDAY ! » La jeune femme hurlait à plein poumons, tentant de se faire entendre par-dessus la cacophonie.

« Que se passe-t-il, Monday ? »

Ellie se sentait désorientée, et paniquée. Jamais l’IA n’avait mis autant de temps à lui répondre, et elle craignait le pire. Peut-être avaient-ils été attaqués par des pirates, ou heurté une comète ? Son cœur battait la chamade, et elle s’extirpa des couvertures pour enfiler un uniforme.

« Miss Dayton. »

Elle poussa un soupir de soulagement en entendant la voix désincarnée.

« Je vous prie d’excuser mon retard. Nous avons une situation… inédite. Le Dr Richardson réclame votre présence en salle de contrôle. » Elle hocha la tête, sachant que Monday le verra. Une partie d’elle ne pouvait s’empêcher d’admirer l’humanité avec laquelle l’IA communiquait, comme si la machine était capable de sentiments. Peut-être l’était-elle, d’ailleurs. Ellie n’avait jamais eu l’occasion d’interroger l’excentrique scientifique à ce propos, ni à aucun propos d’ailleurs, ne le voyant presque jamais.

Elle prit un instant pour replacer les mèches folles autour de son visage, et sortit d’un pas précipité pour se diriger vers l’avant du vaisseau et la salle de contrôle. Si Nolan Richardson souhaitait la voir, mieux valait ne pas le faire patienter, et le rejoindre avant qu’il change d’avis.

Elle poussa la porte à la hâte, et s’interrompit sur le seuil. Devant elle, les immenses écrans de contrôle ne reflétaient rien du tout, juste un noir béant. Elle hoqueta de surprise, et le bruit, bien qu’infime, suffit à attirer l’attention du Capitaine de bord, penché jusqu’alors sur ses instruments de navigation.

« Ah, Miss Dayton, s’exclama-t-il d’une voix nerveuse. Vous voilà enfin ! Ne restez pas plantée dans l’entrée, approchez-vous ! »

Il s’agitait, une tasse de café à la main dont le contenu menaçait de déborder sans qu’il y prenne attention. La jeune femme se rapprocha doucement, sur la pointe des pieds, incertaine de la suite des choses.

« Nous avons un problème, poursuivit-il sans la regarder. Vous voyez, ça ? »

Il secoua la main en direction des écrans, et quelques gouttes de café lui tombèrent sur le poignet, qu’il lécha distraitement.

« Qu’est-ce que je suis censée voir ?, demanda Ellie, hésitante. Est-ce que vos écrans sont en panne ? Pourquoi est-ce que plus rien ne s’affiche ?

-          En panne ! Monday, as-tu entendu ça ? »

Richardson semblait offusqué, et Ellie recula de quelques pas. L’homme la rendait nerveuse, et un sentiment d’inconfort montait en elle, lui serrant la gorge. La voix familière de l’IA se fit entendre, et Ellie s’y accrocha.

« J’ai entendu, Boss. Cependant, la question de Miss Dayton est pertinente, notre invitée ignorant tout de votre génie. Malheureusement, Miss, je peux vous assurer que l’intégralité de notre vaisseau est parfaitement fonctionnelle. »

Elle tiqua sur un mot. Un navire en état de fonctionnement optimal lui semblait une bonne nouvelle, alors pourquoi est-ce que Monday avait précisé « Malheureusement » ?

Le Dr Richardson lui attrapa le bras, la tirant de sa rêverie. Elle leva les yeux, et constata qu’il la fixait avec un mélange de peine et d’inquiétude qui la fit frissonner.

Il se mordit les lèvres, et elle attendit qu’il reprit la parole, osant à peine respirer.

« Miss Dayton. Ellie. Permettez que je vous appelle Ellie ? Devant les circonstances… »

Il lui lâcha le bras, et refit les cent pas. Ellie serra ses bras autour d’elle et ferma les yeux, attendant le couperet.

« Monday. » La voix du scientifique était ferme, mais non dépourvue de chaleur. « Peux-tu donner nos coordonnées actuelles à Ellie ? »

La machine s’exécuta, et Ellie rouvrit les yeux, les prunelles écarquillées.

« Mais, ce sont les coordonnées de…

-          De la planétropole X649BG, oui. Au point de contrôle du Tribunal Intergalactique.

-          Mais… Où est-ce... ? Que s’est-il passé ? » Ellie butait sur les questions, ne sachant comment exprimer son désarroi. 

La main de Nolan se déposa sur son épaule et la serra doucement. Ils se tournèrent ensemble vers le vide qui leur faisait face sur les écrans de contrôle. Là où aurait dû se trouver une planète-ville, s’étendait désormais un no-man’s land, une mer noire et terrifiante.


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