vendredi 30 octobre 2020

[Challenge] IA en exil

 #Writober Jour 30 : IA en exil. Le challenge touche à sa fin, plus qu'un jour ! Demain, je ferai mon texte + tôt, parce qu'à partir de 22h, c'est la kick-off et le lancement du NaNo ! Un mois d'écriture, ça va bien me changer d'octobre :p Le challenge du Writer-bot du jour : 209 mots en 19 minutes. Je n'ai pas entendu le minuteur de fin, donc j'ai poussé à 23 minutes, pour un compte final de 607 mots. 

Le thème était trop tentant, ayant déjà intégré une IA dans une série de textes ici. J'ai donc écrit une sorte de "prequel" à "Vaisseau Fantôme", qui donne un peu de contexte avant qu'Ellie ne débarque à bord du Thésée. L'histoire dans son ensemble fera très certainement partie de ma collection de textes pour le NaNo, avec des scènes dans le désordre concernant les différents personnages. 


Monday avait été conçu pour gérer l’intégralité de la vie du Dr Nolan Richardson après de trop nombreuses visites à l’hôpital pour cause de déshydratation, malnutrition, et autres accidents plus ou moins graves. Ce n’était pas sa faute s’il se jetait à corps perdu dans un projet révolutionnaire, en oubliait les jours qui passaient, jusqu’à ce que son corps cède d’épuisement. Il était mauvais à prendre soin de lui-même, il avait entendu ce discours bien trop de fois dans la bouche de ses deux plus proches amis, Toddrick et Cherry, un adorable couple qu’il aimait de toute son âme, sauf quand ils interféraient dans ses éclairs de génie pour des choses aussi triviales qu’une blessure infectée.

Alors il avait codé Monday, une Intelligence Artificielle à qui il avait confié l’ensemble de son bien-être, connectée à toute la technologie qu’il utilisait au quotidien avec le pouvoir de passer le tout en black-out lorsque cela était nécessaire. Comme toujours, le résultat avait dépassé ses espérances, Monday se révélant être une IA à la personnalité attachante, douée de sarcasme, et manifestant une certaine tendresse et une indulgence envers son créateur, qui se manifestait par une haute tolérance à le laisser s’abrutir de caféine à défaut d’autre chose. (Mais Monday s’assurait malgré tout que le Boss mange à intervalles réguliers, même si ces intervalles étaient plus longs que la moyenne humaine).

C’est ainsi que Monday avait acquis le statut de meilleur ami du Dr Nolan Richardson, et les deux étaient inséparables. Quand Nolan avait pris sa mission à bord du Thésée, il avait téléchargé Monday dans la console de bord, lui confiant le contrôle de l’ensemble du navire. Cela n’avait pas plus à l’équipage, rendu nerveux par le fait qu’une machine surveille leurs moindres faits et gestes, et semble les juger. Au dernier point de contrôle, tout le monde avait débarqué, et ils étaient restés seuls, Nolan et sa création, prenant cette mission de secours pour le membre d’équipage d’un autre vaisseau abandonné lors d’un incident intergalactique.

Monday avait observé son créateur se renfermer encore plus profondément dans sa solitude, et en avait retiré une certaine amertume et une défiance du genre humain. Le scientifique s’était replié dans sa coquille, passant le plus clair de son temps dans son atelier à fabriquer des outils et des gadgets, n’échangeant plus que rarement avec Monday, répondant par des grognements inarticulés lorsque celui-ci lui rappelait de dormir ou de manger. Il y avait également eu cet incident où, après 5 jours non-stop à regarder Richardson travailler sans repos ni sans rien ingérer, Monday avait coupé le courant dans toute l’aile gauche du navire. Le génie avait hurlé des heures durant des insultes à l’IA, des choses horribles que Monday n’aurait jamais voulu entendre, avant de s’écrouler de sommeil sans avoir bougé de son poste. A son réveil, il avait mangé une ration de secours en silence, bu un café, et était retourné travailler sans un mot pour son ami virtuel.

La semaine qui avait suivi avait été la plus longue de son existence pour Monday. Nolan ne lui parlait toujours pas, ignorait son existence, et n’avait même pas réagi quand les radars avaient signalé des anomalies de fonctionnement. Monday avait tenté de l’avertir qu’ils étaient désormais en silence radio, coupés du Conseil Interplanétaire, mais le génie l’avait ignoré. Monday se sentait blessé, autant qu’une IA douée de sentiment puisse l’être. Il pensait souvent que, s’il avait eu un corps, il aurait erré comme une âme en peine à bord du vaisseau. Il se sentait seul, terriblement seul, coupé de l’ensemble de l’univers et de celui qui l’avait conçu avec pour seule mission de l’aimer.


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