Jour 10 du #Writober, et une contrainte de 300 mots. Compte final : 302 mots, et encore un autre univers.
La préparation pour novembre est dense, je ne suis pas toujours très inspirée et l'exercice devient complexe.
Il ne restait rien, rien d’autre que des cendres de leur
vie, de leur famille, de leur histoire, et quelques planches brisées là où s’était
trouvée leur maison.
Ils se tenaient la main, au centre de ce no-man’s land, couverts
de haillons, et de suie mêlée de sang et de sueur, et sans doute d’un peu de
larmes.
Ils s’accrochaient l’un à l’autre, deux rescapés d’une
apocalypse qui les laissaient vides de tout, les oreilles sonnantes et les
pieds nus et écorchés foulant le cadavre de leur passé.
Ils restèrent longtemps immobiles, à traquer le moindre
mouvement du regard, à attendre un signe de vie quelconque, une preuve qu’ils n’étaient
pas seuls au monde, désemparés, dépossédés de leur histoire, leur futur nu et
terrifiant devant eux.
Il fallut cependant se rendre à l’évidence, de longues
heures plus tard, et tourner le dos à l’immense champ de désolation qui avait
remplacé leur village. Sans se lâcher, leurs doigts fermement enlacés, ils escaladèrent
les ruines qui composaient désormais leur unique paysage, retenant leur souffle
au maximum pour lutter contre les relents de désespoir, de toxicité et de chair
carbonisée qui envahissaient leurs narines, faisant monter la nausée. Ils n’échangèrent
pas un mot durant toute leur progression, se contentant d’étouffer des
grognements de peine ça et là, ravalant les sanglots qui menaçaient de les
engloutir, cherchant à mettre le plus de distance possible entre eux et l’enfer.
De temps à autre, ils s’arrêtaient, creusant pour mettre au
jour quelques maigres biens qui pourraient s’avérer utiles et ne semblaient pas
trop endommagés, mais refusant toujours de se lâcher.
Plus tard, lorsque la nuit fut tombée, trouvant refuge dans
la carcasse d’un camion partiellement explosé, ils autorisèrent les larmes à couler
librement, hurlant de douleur et de chagrin à la lune, leur souffrance à vif,
presque animale.
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