#Writober Jour 17 : Entendre les ombres. Défi : écrire au moins 506 mots en 22 minutes. J'en ai écrit 549 dans ce même temps. Le texte est une sorte de para-histoire dans l'univers de mon NaNo de l'an dernier (qui n'est toujours pas posté ici parce que, primo, 50K, et deuzio, toujours pas relu et corrigé), dont vous pouvez retrouver des versions anciennes (2008 !!!) et très résumées ici, ici et ici (3 parties).
J'ai un peu triché en interprétant "ombres" par "Ombres", qui sont des créatures ennemies dans mon histoire initiale, que vous lirez peut-être un jour.
Van et Rey avaient été envoyés en mission de reconnaissance.
Etant les plus petits et les plus jeunes de l’armée, le Commandant les avait propulsés
éclaireurs, et souvent, ils ne pouvaient compter que l’un sur l’autre pour
traverser seuls les lignes ennemies, et rendre compte de la position des
Ombres.
Leur camp était décimé, de plus en plus de corps étant
réclamés par l’Armée des Ténèbres, et Van savait que le Commandant comptait sur
eux pour protéger les leurs le plus possible.
Était-ce une trop grande responsabilité pour deux gamins de
13 ans ? Probablement, mais ils étaient les seuls à pouvoir remplir la
mission, et ils faisaient de leur mieux.
D’autant que Rey était un enfant étrange. Ses yeux bleus,
presque translucides, étaient toujours fixés au loin, comme s’il percevait des
choses qu’il était seul à voir. Sa peau également, était extrêmement pâle, la
moindre veine se dessinant visiblement sous la surface, et offrant un contraste
très étonnant aux Ombres, créatures noires et difformes. Enfin, Rey ne parlait
pas. Il communiquait par gestes et grognements, savait se faire comprendre sans
difficultés, au moins par Van et le Commandant, mais ne prononçait jamais un
seul mot. Les autres soldats préféraient généralement se tenir loin de lui, murmurant
des prières et des incantations étranges lorsqu’ils passaient près de lui, marmonnant
souvent des choses à propos de « malédictions », « d’enfant du démon »
et de « créature anormale ».
Van n’avait pas peur de Rey. Il émanait de lui quelque chose
de réconfortant qui lui rappelait Julia. Et il avait une étrange capacité à
détecter les Ombres, comme s’il était capable de les entendre en permanence,
alors que la plupart d’entre eux ne les entendaient que sur un champ de
bataille, lorsqu’elles poussaient leurs terrifiants cris aigus, ceux qui
pouvaient faire perdre la tête et la vie aux soldats même les plus aguerris.
C’est ainsi, donc, que Van et Rey se retrouvaient une fois
de plus à jouer les éclaireurs. Le Commandant soupçonnait les Ombres d’avoir
établi un campement derrière les Collines Sifflantes, et de planifier une
attaque prochainement. Leurs rangs étaient déjà décimés, la guerre semblait
perdue, mais ils luttaient encore, avec l’énergie du désespoir, et n’importe quelle
information pouvant leur donner un avantage sur l’adversaire, ou un moyen de se
protéger plus efficacement, était le bienvenu.
Le ventre à terre, progressant lentement et furtivement
comme ils savaient si bien le faire, les deux adolescents grimpaient la colline.
Dans ces territoires asséchés, les arbres ne poussaient plus, et les abris se
faisaient rares. Heureusement pour eux, Van et Rey étaient suffisamment petits
et malingres – la guerre n’offrait pas vraiment les protéines, glucides, lipides
et vitamines nécessaires à une bonne croissance – pour se cacher derrière les plus
gros rochers.
Ils avançaient aussi, de caillou en caillou, quand soudain,
Rey se jeta au sol, sa main agrippant le bras de Van pour le tirer avec lui.
Van étouffa un cri de stupeur quand son regard croisa celui de son camarade.
Rey ne regardait jamais personne dans les yeux, et pourtant, à cet instant, il
fixait l’autre adolescent avec une intensité qui glaça le sang de Van. Il grimaça,
espérant obtenir quelques réponses, mais Rey secoua la tête négativement, resserrant
son étreinte sur le bras de son ami.
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