M'étant bien trop amusée hier, et histoire de reprendre des bonnes habitudes pour le NaNo qui arrive, j'ai décidé de continuer à explorer la liste Writober de @nanochimeres, que je cumule avec une contrainte aléatoire fournie par un bot d'écriture, toujours grâce à Onirie. Aujourd'hui, écrire au moins 20 minutes (contrainte du bot) sur le thème "Souvenirs de la Terre" (Writober)
Elle ne pouvait s’empêcher de consulter son connecteur
temporel toutes les 5 minutes. Cela faisait si longtemps qu’elle errait, seule
dans sa capsule spatiale, qu’elle était nerveuse à l’idée d’enfin, enfin
retrouver d’autres natifs de la Terre. Parfois, elle se parlait à haute voix,
juste pour entendre un son, mais la plupart du temps, le silence l’entourait, hormis
l’occasionnel bip de ses machines de contrôle.
Elle était épuisée, terrifiée, nerveuse. Les souvenirs du
jour où son vaisseau de mission l’avait abandonnée sur une planète lointaine
étaient encore vifs, et les voix horrifiées du reste de l’équipage résonnaient
encore dans son crâne, la tenant éveillée la nuit. Elle ne blâmait pas ses
compagnons de bord : ici, dans ces territoires hostiles, on faisait passer
le bien-être du groupe avant la vie de l’individu. Elle avait été coincée par
un golem de sable, et, alors qu’elle pensait enfin s’être échappée et pilotait
sa capsule d’une main de maître pour rejoindre le navire, l’immense créature l’avait
rattrapée et bloquée. Ses compagnons n’avaient pas eu d’autre choix que de la
laisser derrière, s’ils ne voulaient pas rater le prochain checkpoint. Et
personne ne tenait à rater les checkpoints, sous peine d’être déclarés
hors-la-loi.
Au départ, les bornes de signal étant assez proches, ils
étaient restés en contact. Elle avait ainsi su que le Tribunal Intergalactique
s’était réuni pour statuer sur son sort, et que le prochain vaisseau de
patrouille passant sur sa route pourrait la prendre en remorque si elle était
capable de le rallier, ou noter sa défection si elle n’était pas au
rendez-vous. Sa défection, ou son décès, avait fini par reconnaître Aurora dans
une des dernières transmissions, car personne ne pensait qu’elle serait encore
en vie au prochain passage d’une patrouille.
Mais elle s’était accrochée. Fort heureusement, sa capsule
était toujours bien pourvue, elle veillait toujours à renouveler ses rations,
et, en se restreignant, elle avait pu tenir jusque-là. Le nouveau vaisseau l’avait
contactée pour l’avertir de son passage, mais la communication avait été
bloquée en sens unique. On ne s’attendait vraiment pas à la trouver en vie.
Elle serra les dents, et s’autorisa une grande inspiration avant de consulter
une nouvelle fois son connecteur temporel. Si ses calculs étaient bons – et ils
l’étaient – le navire allait apparaître dans l’immensité face à elle très
rapidement.
Elle poussa quelques boutons de sa console, histoire de s’occuper
un peu, et enfin, relevant les yeux, elle vit s’avancer vers elle un engin
énorme, dix fois la taille de son précédent vaisseau, un géant face à sa
capsule. Elle pressa son émetteur, vérifiant que la fréquence soit bonne. Cela
ne lui permettrait pas d’ouvrir une ligne de communication, mais signalerait sa
présence sur les écrans de bord, afin que l’équipage lui ouvre ses portes.
Au bout de quelques instants qui lui parurent une éternité,
elle reçut le code d’autorisation d’abordage, et manœuvra délicatement son
vaisseau. Elle retint son souffle, et il lui sembla ne plus être capable de
respirer alors qu’elle ouvrait enfin la porte de la capsule et, pour la
première fois depuis de très longs moins, posait le pied sur un immense tarmac.
La pensée lui donna le tournis, et elle prit son temps avant de se diriger vers
le sas de décompression. Son cœur lui semblait prêt à exploser dans sa
poitrine. Sortant du sas, elle se retrouva dans un immense vestiaire, où une
boîte à son nom l’attendait. Surprise, elle ouvrit lentement le couvercle, pour
trouver une feuille de papier, où l’écriture fine et déliée d’Aurora l’attendait :
« Ellie,
J’ai tiré toutes les ficelles que j’ai pu, mais n’ai pas
obtenu l’autorisation de changer de vaisseau pour être sur celui-ci, et venir
te chercher moi-même. Alors, à la place, je te fais parvenir
quelques souvenirs de la Terre. Je t’en prie, sois encore en vie lorsqu’ils
viendront te chercher. Tu nous manques à tous, et Tergan attend que tu
reviennes prendre le contrôle de nos machines. Reviens-nous vite. »
D’une main tremblante, elle écarta la lettre. En dessous, s’empilaient
pêle-mêle une boule à neige, un infuseur à thé, une tablette de chocolat et une
photographie : tout l’équipage de son navire, bras dessus bras dessous, le
dernier soir qu’ils avaient passé sur Terre. Serrant ces quelques souvenirs
contre sa poitrine, les yeux brouillés de larmes, elle se tourna vers la porte
menant à l’intérieur du navire. Il était temps d’aller à la rencontre de
nouveaux humains, et de les supplier de la ramener à sa famille. Ils l’attendaient.
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