#Writober Jour 29 : le Musée des Regrets. Challenge du bot : 324 mots en 27 minutes. Compte final dans la durée : 760 mots.
Passion créer des univers entiers pour des textes de moins de deux pages, parce que pourquoi pas.
Ils avaient atterri trois jours avant sur Antica, à la recherche
de la Relique du Temps Perdu. Malgré leur détermination, pourtant, aucun indice
ne leur parvenait, et Adam sentait sa frustration grandir. Pour lui, la planète
n’était qu’une grande décharge qui ne disait pas son nom, pleine à ras-bord de
babioles des Jours Anciens qu’on avait décidé d’évacuer de Terra42 lors de la
grande Tabula Rasa.
Il avait dû mal à comprendre comment certains jeunes, fascinés
par l’avant, acceptaient d’émigrer sur Antica et de consacrer leur vie à classer,
polir et bichonner instruments désuets et inutiles. Il n’y avait déjà presque
plus d’ancêtres, ceux qui avaient connu les Jours Anciens, alors pourquoi s’attarder
sur le passé alors qu’il y avait dans de choses excitantes dans le Futur.
C’est d’ailleurs ce qui l’avait poussé à s’engager dans la
Patrouille Spéciale : le goût de l’aventure, cette envie d’explorer
et de repousser encore plus loin les limites de leur univers connu. Mais bien
sûr, il avait fallu que la première mission confiée à son équipe soit de
retrouver un vieil artéfact probablement inutile, mais que le Grand Chambellan réclamait.
Adam savait qu’en s’engageant, il avait signé dévotion au
Nouvel Ordre, et, l’un dans l’autre, il restait persuadé que c’était grâce à
eux que, depuis Tabula Rasa, Terra42 s’épanouissait, malgré tout, il était
toujours mal à l’aise en pensant au Grand Chambellan. L’homme portait toujours
un immense sourire qui n’atteignait jamais ses yeux, et il se murmurait qu’il pouvait
recourir à la torture pour se débarrasser du moindre opposant ou détracteur.
Malgré tout, le Chambellan était au sommet de la pyramide du
Nouvel Ordre, et ses décisions devaient être respectées. C’est ainsi que l’équipe
d’Adam s’était retrouvée sur Antica, à la recherche de la Relique du Temps
Perdu et… bref, les pensées du jeune homme tournaient en rond.
Faisant rouler ses épaules pour en dégager la tension qu’il
sentait s’y être accumulée, il poussa la porte d’une étrange boutique. A la
différence des autres stations de reliques de la planète, celle-ci était parfaitement
rangée, les objets déposés précieusement sur des étagères, dans des vitrines en
verre, toutes étiquetées à la main d’une écriture propre et nette. L’absence
flagrante de poussière frappa également le jeune homme. Sur Antica, on passa
généralement son temps à éternuer en chassant les moutons.
Adam jeta un coup d’œil en arrière, et constata qu’il était
le seul rentré dans la boutique, les autres membres de son équipe ayant opté
pour poursuivre leur chemin. Il haussa un sourcil : le règlement indiquait
qu’au moins deux des coéquipiers devaient toujours rester ensemble. Un raclement
de gorge le fit sursauter, et il pivota brusquement sur lui-même, apercevant
une jeune femme minuscule derrière un comptoir. Elle portait de lourdes
lunettes rondes qui glissaient sur son nez, et elle les repoussa en l’observant,
les lèvres pincées.
Adam resta figé un instant puis, se rappelant les bonnes
manières que sa mère lui avaient enseignées, retira son calot, qu’il froissa entre
ses mains.
« B-bonjour Madame. Patrouille spéciale en mission. Je… »
Il était désarçonné par la posture de son interlocutrice, et
s’interrompit. Lorsqu’on mentionnait la Patrouille spéciale, les gens devenaient
toujours obséquieux et empressés, au point que c’en était irritant d’hypocrisie,
mais la jeune femme qui se tenait devant lui s’était contentée de froncer les
sourcils d’un air hostile tout en croisant les bras. C’était… étrange, mais rafraîchissant.
Mais mieux valait ne pas lui dire cela, elle ne semblait pas commode.
Il attendit patiemment, la tête légèrement baissée, observant
la jeune femme et tournant nerveusement son calot entre ses mains. Au bout de
quelques longues secondes, elle décroisa les bras et pencha la tête sur le
côté, comme un oiseau curieux.
« Musée des Regrets. En quoi puis-je vous aider ? »
La formulation, bien que serviable, sonnait creux face à l’hostilité
manifeste de celle qui l’avait prononcée, et Adam se dandina d’un pied sur l’autre,
mal à l’aise.
« Nous sommes en mission pour le Grand Chambellan, Madame.
Possible de consulter vos registres d’inventaire ? »
Ils devaient s’efforcer de ne pas attirer l’attention sur l’artéfact
qu’ils recherchaient, et la loi obligeant la tenue de registres précis, ils s’en
étaient tirés jusque là dans leur mission par la consultation des livres d’inventaire
de chaque échoppe. Un travail long, fastidieux, et somnifère.
« Non. »
La réponse brutale le tira de ses pensées.
« Non ? », répéta-t-il d’un air ahuri.
« Non », articula-t-elle fermement.
Adam se força à ne pas sourire. Enfin, il était face à
quelque chose d’intéressant.
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