samedi 3 juillet 2021

[NaNo Camp Juillet - Prompt du jour : l'été, une cabane au bord d'un lac]

 10 minutes - 297 mots


Elle n’aspirait qu’à ça. Le repos, enfin, loin des hommes et de leur agitation, loin des villes et de la chape pesante de pollution qui lui rongeait les poumons et le moral.

Elle avait passé sa vie à économiser le moindre centime, se refuser de nombreux plaisirs volatiles, l’esprit fixé sur son objectif final, pâlissant parfois lorsque les taux de l’immobilier flambaient, lorsqu’il lui semblait voir son rêve s’éloigner, toujours plus loin.

Mais finalement, ce jour était venu où, après de multiples alertes paramétrées sur un tas de sites d’annonces, d’enchères et de ventes, les étoiles s’étaient alignées, et le bien de ses rêves était là, en vente sous ses yeux, magnifiques photos à l’appui, pour un prix inférieur au montant qu’indiquait son plan d’épargne logement.

Elle en avait eu les larmes aux yeux et s’était précipitée sur son téléphone, le cœur battant, ses doigts tremblants peinant à composer le numéro qui allait, peut-être, changer sa vie.

Et aujourd’hui, de longs mois remplis d’impatience et de cartons plus tard, le grand jour était arrivé. Celui où elle allait concrétiser tous ses rêves, où elle allait laisser derrière elle cette peau de citadine qui la brûlait, cette vie métro-boulot-dodo qu’elle haïssait et qui le lui rendait bien, empilant devant elle les obstacles comme autant de murs de briques.

Elle attendait le camion de déménagement, trépignant au pied de son immeuble, s’efforçant d’ignorer les relents de misère de son quartier, la putridité renforcée par le soleil d’un été sans pitié. Plus que quelques heures, se disait-elle. Plus que quelques heures et je serai libre pour le restant de mes jours. Plus que quelques heures et le silence, enfin. Plus que quelques heures et le grand air, la renaissance. Plus que quelques heures, et une cabane au bord d’un lac.


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