jeudi 15 juillet 2021

[NaNoCamp juillet - Défi Sprint Jour 7]

 Hier était le dernier jour du #DefiSprint de Vicky Saint-Ange : écrire à plusieurs mains. Cumulant avec le #promptdujour "Comment faire passer le hoquet", nous avons écrit ce texte à 4 : Georgia, Onirie, Grégory et moi. 


Ça n'allait pas, mais alors pas du tout ! Dans environ dix minutes, si elle se fiait à ce qu’elle entendait depuis les coulisses, Alison Martin devrait entrer sur scène pour la première chanson de son personnage. Elle répétait cette comédie musicale depuis des mois, connaissait chaque mot, chaque intonation, chaque émotion par cœur, et le jour de la première, il fallait que ça lui tombe dessus : le hoquet. Incontrôlable.

Sa technique habituelle n’y avait rien fait : elle avait posé sa bouteille d’eau sur sa lèvre inférieure et s’était penchée en avant pour « boire à l’envers », comme elle disait. Sa robe de costume ne lui avait pas facilité la tâche, mais elle avait persévéré. Pourtant cet effort avait été vain. Le hoquet ne passait pas.

On l’entendait depuis chaque recoin des coulisses, et ses partenaires de scène défilaient les uns après les autres dans la loge où elle s’était enfermée, chacun y allant de son conseil.

“Essaye de retenir ta respiration aussi longtemps que possible.”
“Donne-moi ton bras, je vais essayer quelque chose.”
“Récite-moi à l’envers tous tes repas, depuis ce matin jusqu’au début de la semaine.”
“Bouh ! Tu as eu peur ? ça a marché ?”

Hic ! Hic ! Hic ! Rien n’y faisait. On aurait dit une nouvelle forme de vocalises particulièrement désagréables, autant pour elle que pour ceux qui l’entendaient.

Cela n’aidait pas non plus que le metteur en scène de la comédie musicale passe la tête par la porte toutes les deux minutes pour donner un décompte du temps qui lui restait avant le début du spectacle. Son stress montait, et le hoquet, lui, ne passait pas.

Il ne restait plus que quatre minutes désormais, il était donc temps d'employer les grands remèdes pour redevenir maîtresse de sa respiration. Elle évitait d'habitude d'utiliser du Vicks Vaporub si près de sa performance, mais là elle n'avait plus le choix.

La robe n'aidait pas, mais elle réussit malgré tout à étaler la crème sur le haut de son torse, sentant rapidement sa respiration se faire plus profonde, sans pour autant la libérer de ses spasmes.

Prenant les respirations les plus grandes possibles, elle s'essaya à des vocalises qui furent interrompues par un hoquet et le metteur en scène.

"Deux minutes !"

À court de temps et d'option, elle quitta sa loge et se positionna derrière le rideau rouge qui séparait la scène et les premiers rangs, toujours secouée par un hoquet tonitruant. Sa prestation allait rester dans les annales. Mais pas pour les bonnes raisons.

"Une minute ! Silence sur le plateau ! Il est où Marcus ?"
Le dit Marcus, le fameux Marcus Stormberg, était la star de la production. Il avait de la bouteille, mais il partageait généreusement l'affiche avec Alison.
Cette dernière ne savait pas trop comment réagir avec lui, elle le craignait un peu avec son humour pince-sans-rire typiquement anglo-saxon. Elle ne savait jamais s'il était sérieux ou non.

Marcus s'approcha d'elle avec sa nonchalance habituelle et son accent des Pays-Bas.
"je vois que tu as un souci ?
-Je vois pas de quoi tu *hoquet* parles !"
Marcus lui fit son plus beau sourire.

Il tendit son index vers elle et lui souffla sur un ton très sérieux :
-" Il y a une astuce toute bête. Il suffit de se mettre un doigt dans le"

De l'autre côté du rideau, quelques personnes au premier rang auraient pu entendre le bruit d'une claque retentissante, si le brouhaha ambiant ne recouvrait pas tout.
-"Trente secondes. Tout le monde en place"

Alison fixait Marcus d'un air outré. Elle était surprise et choquée par sa proposition.

Il se contentait de lui sourire en se frottant la joue, pour tenter de dissiper la trace de main de sa partenaire.

Elle le fixait encore dix secondes plus tard lorsqu'elle réalisa que son hoquet avait disparu. Elle lui adressa un sourire désolé et articula silencieusement un "Merci", auquel il répondit par un clin d'œil.

Le rideau se leva et le spectacle commença.

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