vendredi 9 juillet 2021

[NaNoCamp Juillet - Prompt du jour : un grand pas pour la science]

 AKA le jour 2 du #DefiSprint de Vicky Saint-Ange, avec une contrainte sur les dialogues. 


-         — Viens voir papa. Allez, viens mon petit.

-          —  Mais laisse-le tranquille, tu vois bien qu’il a peur.

-           — Chuuuuuut ! Fais-moi confiance, je gère.

Lukas se tenait immobile, bras tendus en avant, le regard pointé sur la créature face à lui. Dans son dos, Harriet s’agitait, nerveuse.

-           — Peut-être qu’on n’aurait pas dû…

-           —  Stop. Ce qui est fait est fait. Si tu baisses d’un ton et que tu me laisses faire, tout se passera bien. Mais j’ai besoin de me concentrer.

La créature devant eux se dandinait sur place, son hésitation palpable, son aura légèrement teintée de gris.

Harriet mordilla la peau de son pouce un instant, les yeux rivés sur son collègue qui tentait, à grands renforts de gestes, de faire approcher l’être difforme, sans succès. Elle s’efforça de garder le silence, mais l’angoisse prenait le dessus, et elle reprit, insistante :

-          —  Lukas, écoute-moi deux secondes. C’était clairement une erreur. Un éclair de génie, soit, mais le monde n’est pas prêt. Et nous non plus. La formule n’a visiblement pas fonctionné jusqu’au bout, et on se retrouve avec ce… cette…

Le scientifique détourna enfin son regard de la créature, faisant face à Harriet avec colère.

-          —  Comment oses-tu ?, siffla-t-il entre ses dents. Bobby est notre enfant ! Que tu le veuilles ou non, que nos calculs fussent bons ou non, il est là, maintenant. Et il a peur ! Je suis sûr qu’il perçoit ton rejet. Alors de deux choses l’une : soit tu te tais, et tu me laisses faire, soit tu t’en vas. Mais ne viens pas réclamer les lauriers plus tard.

Harriet souffla un grand coup, évaluant les deux options fournies par son partenaire. Se penchant sur la droite, elle jeta un nouveau coup d’œil sur la créature, qui semblait se ratatiner sous ses yeux.

-           — OK, je reste et je me tais.

Lukas hocha la tête et se retourna doucement, plaquant sur son visage un sourire amical. Il tendit les mains, et reprit, la voix aguicheuse :

-            — Allez, viens voir papa. Viens Bobby !

Il répétait ces mêmes mots en boucle, comme un mantra. Finalement, après de longues minutes, la créature sembla se redresser sur elle-même, la matière dont elle était constituée bougeant, se réassemblant molécule par molécule jusqu’à prendre la forme approximative d’une silhouette d’homme.

Harriet retenait sous souffle, une main crispée sur la blouse de son compagnon, qui vibrait d’excitation.

-          — Allez, Bobby. Fais un pas. Juste un pas. Un pas pour papa.

Enfin, la créature avança, chancelante sur ses jambes tel un bambin se dressant pour la première fois.

Lukas ne put retenir un cri de joie. C’était un petit pas pour Bobby, mais un grand pas pour la science.  

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